Chasseur ou chassé ?

Xanêk aimait cette forêt, presque au point de se sentir unit à elle, d'y apartenir. Tout dans cette forêt lui ressemblait : la face la plus sombre de la nature, la brume légère et envoutante qui donnait un aspect mysterieux au paysage, les arbres immenses qui empèchent les rayons du soleil d'atteindre le sol qui obligent les visiteurs à marcher sur de la terre étrange, sans végétation et bizarrement ressemblante aux cendres d'un mort ...
Parfois, Xanêk appercevait une silhouette dans l'ombre ou des traces de pas inconnus. Mais il n'y prenait pas garde. Il avait cette capacité de repérer les moindre détails anormaux tout en restant plongé dans ses pensées.

Il savait que depuis quelques heures, un étranger le suivait. Il ne savait ni pourquoi il était là, ni qui il était, mais Xanêk ne voulait en aucun cas se faire pister comme un vulgaire lièvre.
Il décida soudain de grimper dans un arbre pour s'asseoir sur une de ses branches tout en prenant soin d'avoir l'air plonger dans ses pensées et d'être le plus naturel possible. Les pans de son long manteau noir flottait au grés de la légère brise qui dissipa quelques peu la brume...

Soudain, il entendit le craquement d'une branche qu'on écrase à quelques mètres de lui ...

C'était devenu une habitude de venir errer dans cette forêt, pour réfléchir. Il y avait comme un rituel dans ses gestes et ses pas, comme quelque chose qui l'aidait à se sentir mieux. Les rayons du soleil ne traversaient pas le feuillage, et la brume réduisait la vue, mais on pouvait apercevoir cette silhouette au bon maintien, calme, qui progressait dans la végétation comme s'il en connaissait chaque pousse, chaque racine, et chaque particule de brume. Mais surtout, malgrés la mauvaise visibilité, on pouvait voir des reflets argentés sur ce qui devait être ses cheveux, et des yeux scrutateurs avaient d'étranges éclairs rouges.

Le vampire avançait calmement entre les arbres, sa route n'existait pas, il ne suivait aucun chemin, il ne faisait que marcher, jusqu'à ce que sans le vouloir il se retrouve derrière un de ses pairs, et plongé dans ses pensées, il ne fit pas attention que par réflexe il suivait cette trace.

Il n'y fit attention que lorsqu'il eut l'impression qu'on l'observait, alors seulement il se rendit compté qu'il avait pisté une personne inconnue jusqu'ici et que celle-ci était certainement retourné dans les arbres et le scrutait.

Razek, leva les yeux vers les branches, son regard de couleur sang sa balada d'arbre en arbre, même s'il ne voyait pas son observateur à travers la brume, son instinct arrivait à le situer. Il posa finalement son regard sur un point précis, au niveau d'une branche.

Celui qui l'observait n'avait pas un esprit tranquille, son aura traduisait de la curiosité mais aussi une personnalité tourmentée. Pourquoi avait-il fallu qu'il se mette à le suivre. Question idiot,e il savait bien que depuis le cataclysme c'était devenu instinctif de pister une personne et qu'il ne s'en n'était même pas rendu compte.

Le cataclysme... que de mauvais souvenirs... pas seulement pour toutes les vies qu'il avait fallu exterminer...

Razek chassa cette pensée de son esprit et dirigea de nouveau son regard vers l'inconnu.

"Eh bien ? Serai-je sous surveillance ? N'avons-nous pas le droit de se promener librement"

Lui fit-il entendre.

Xanêk resta immobile. Assis sur sa branche, il examina cet inconnu avec un regard curieux. Ses yeux devinrent accusateurs lorsqu'il répondit :

Je n'ai pas pour habitude qu'on me piste comme un animal. C'est plutôt le contraire.

Il détourna son regard et grimpa agilement sur une branche plus élevée. Il regarda derrière lui pour apercevoir sans l'ombre comme unbruissement d'ailes. Il examina ensuite le sol, comme si l'inconnu n'existait pas. Quand il eut trouvé ce qu'il cherchait, il se décida enfin à reposer son attention sur l'être noir qui attendait. Xanêk reprit la parole :

Que me veux-tu, vampire ?

En posant cette question, il sauta souplement de son arbre pour aterrir juste devant le visiteur et lui lancer un regard interrogateur en attendant sa réponse ...

Etonnant, ce vampire était sans doute plus jeune que lui, mais il n'avait eu aucun mal à voir qu'il était lui aussi un vampire malgrés la brume, il avait donc un excellent sens de l'observation. Razek croisa les bras, et regarda l'autre vampire se laisser agilement tomber au sol. Il se mouvait très bien dans l'environnement, il était sûr de lui, comme tout vampire.

"Je ne veux rien qui puisse te faire passer pour un animal, et je ne te considère comme tel."

Razek haussa un sourcil d'un air éloquent.

"D'ailleurs je n'ai pas d'armes sur moi."

Inutile de lui dire que s'il l'avait suivi c'était d'une manière complètement inconsciente parce qu'il avait l'impression que cette explication n'allait pas le satisfaire, du moins tant qu'il n'aura pas confiance en lui, Razek était à peu près certain qu'il n'avalerait pas une telle possibilité.
À moins qu'il se trompe complètement à son sujet.

Razek était des plus calmes et tout à fait à son aise, ce n'est pas qu'il ne considérait pas le vampire comme son égal en combat, mais c'était qu'il était dans un étât d'esprit qui lui donnait l'impression que rien ne pourrait l'atteindre.

Il avait tout perdu... sauf une chose... une seule chose, et il ferait tout pour la retrouver. C'est pourquoi il se sentait en sécurité, car sa volonté était des plus impénétrables et il retrouverait ce qu'il a perdu, et rien de matériel ne l'atteindra.

Xanêk accepta le fait que ce vampire etranger ne lui voulait aucun mal. Il le savait plus âgé que lui et, sans aucun doute, plus experimenté en n'importe quelle forme de combat mais Xanêk ne voulait en aucun cas combattre avec lui.

Il scruta longuement sa longue et fine silhouette, nota qu'il possedait une courte et soyeuse crinière blanche, admira son allure distinguée et lança un regard curieux au rouge de ses yeux.
Xanêk n'importait guère d'importance au physique des personnes qu'il rencontrait mais il lui fallait admettre que les yeux de ce nouveau visiteur l'intriguait.

D'un rouge profond et sanguinaire, ils abritaient pourtant une douleur qui lui semblait si ancienne que Xanêk se demanda si le vampire s'y était habitué ...

Il essaya de mettre un nom ou un mot sur le personnage et trouva quelque secondes plus tard : Tourmenté ... voilà exactement ce qu'était son interlocuteur.

Le vampire aux longs cheveux noirs ne savait pourquoi mais il décida, en s'asseyant au pied d'un arbre, de se montrer un peu moins agressif à son egard.

Xanêk commença par sourire, pas le grand sourire qui vous mange le visage d'une oreille à l'autre, non, un petit sourire, presque invisible, plutôt un petit mouvement de la lèvre vers la droite.

Puis il répondit :

Entendu! De toute façon, je ne souhaitais pas engager un combat maintenant.

Je n'ai pas la tête à ça ...

D'ailleurs, toi non plus, n'est-ce pas ?

Après reflexion, Xanêk se demanda si il n'avait pas été quelque peu indiscret ou maladroit. Mais si la politesse n'avait pas fait beaucoup d'apparition dans sa vie, les rapports entre vampire ou quelconque autre espèce étaient quasiment inexistants. Xanêk se demanda aussi s'il était agréable de faire autre chose avec les gens que de les tuer ...